Depuis 2009, le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis soutient « la Culture et l’Art au Collège (CAC) ». Cette démarche repose en grande partie sur la présence, en classe et pendant plusieurs semaines (40h), d’un artiste ou d’un scientifique ayant pour mission d’engager les élèves dans un processus de recherche et de création.
Intervenants:
Grégoire Binois, Robi Morder/ Historiens
Chargée de projet:
Florise Pagès
Objectifs:
Parmi les dates qui peuvent offrir des clés de compréhensions de la France contemporaine, on trouve celle de Mai 68. La capacité de cet événement à dire ce qu’il en est d’aujourd’hui tiendrait en partie à son caractère controversé. Apparemment, personne n’est vraiment d’accord sur ce qui s’est passé à l’époque et sur la portée des changements attendus, espérés ou redoutés.
Séances en atelier:
Jour après jour
Dans un premier temps, l’enjeu pour les élèves était de recontextualiser Mai 68, tant dans sa chronologie quotidienne, que dans son époque. En s’appuyant donc sur les différents types d’archives (presse, tracts, extraits audiovisuels, photos…) l’intervenant a non seulement balayé avec eux la succession d’événements, les forces en présence (les facultés, les lycéens, les ouvriers, …) tout en s’interrogeant sur la différenciation entre mémoire et histoire, sur où trouver ces archives, comment y accéder, qui les produit et dans quel but, autant de points fondamentaux du métier historien que les élèves ont découvert.
Avec le temps
Lors d’une séance de travail à la Cité des Mémoires Etudiantes, les élèves manipulent de véritables archives autour de témoignages. Ils affinent ainsi les principaux enjeux de la révolte, se détournent des idées reçues, pour se rendre compte qu’il s’agissait non pas d’un événement (créé par la presse) mais plutôt de nombreux mouvements hétérogènes rassemblés. Puis viennent en classe des témoins ayant vécu de l’intérieur Mai 68 en tant qu’étudiants, ou en tant qu’enfant de soixante-huitards. La parole directe de ces témoins révèle des grincements dans cette lutte idéalisée, mais aussi comment elle est devenue le leitmotiv de vocations fortes et de militantisme durable chez d’autres.Et nous ?
Il s’agit pour les élèves de rechercher, cinquante ans après, les traces tangibles de l’événement dans la société de 2018 : où sont les rêves de 1968 ? A la suite de cela, les élèves proposent une analyse des idéaux de 68 qui pourraient trouver un certain écho auprès de leur génération. Cette mise en perspective historique est enfin l’occasion d’un exercice d’utopie pour les élèves : de quelle société rêvent-ils ? Et de quelles transformations ?
Et nous ?
Les élèves identifient certains combats et acquis de 68, ou post-mai 68, dont les répercussions sur eux sont les plus fortes : la liberté sexuelle, la contraception, les inégalités sociales… Il s’agit à présent pour eux de les mettre en perspective avec leurs propres revendications et de se poser la question de ce que seraient leurs idéaux à eux. Des sujets émergent et sont discutés en classe : la peine de mort, la discrimination des femmes, la pollution…
Partager:
Comment en Mai 68, les militants ont-ils diffusé leurs messages sans internet et sans portable ? Fortement inspirés des affiches et tracts de l’époque réalisées par l’atelier des Beaux Arts, les élèves en ont repris les codes esthétiques et stylistiques pour donner forme aux messages qu’ils voulaient véhiculer, au regard de la lutte de 68 et de la société dans laquelle ils vivent en 2018. Avec l’aide d’un sérigraphe venu installé son atelier dans la cour du collège, la classe a passé les encres sur les écrans, fait sécher puis coller une série d’affiches dans le collège ainsi mobilisé.
Remerciements:
Ioanna Kasapi / Cité des mémoires étudiantes, Aubervilliers, Julie Pagis, Anne-Marie Lagrave/ sociologues, Sang d'encre/ atelier de sérigraphie
Sorties :
- Séance de travail sur les archives à la Cité des mémoires étudiantes, Aubervilliers
- Exposition « Images en lutte » sur les affiches de Mai 68 aux Beaux-Arts, Paris
- Exposition « Icônes de Mai 68, les images ont une histoire » et atelier de ciné-tract, à la BNF, Paris
- Visite guidée « Mai 68 » du quartier latin, Paris
Collèges:
- Classe de 4è C, collège Paul Eluard, Montreuil
- Classe de 3è 2, collège Jean Renoir, Bondy
Photos: PIERRE ANTOINE
Avec la période de confinement, les démarches initiées en collège ont connu quelques changements, également quelques aménagements et surprises. Le moment est venu de présenter ce qui a été finalisé par les élèves, les enseignants et les intervenants. Cet espace de diffusion rapporte nombre de témoignages visuels, sous des formats à la fois fixes et animés, et invite les visiteurs à une découverte différenciée : en cela par projet identifié ou d’une manière plus aléatoire.